Des jeunes fêtards pris de malaises assurent avoir été piqués à leur insu. Les analyses toxicologiques se sont, pour l’heure, toutes révélées négatives.
Ce serait l’agression à la mode dans les boîtes de nuit, les bars, les salles de concert : des piqûres sauvages, infligées aléatoirement à de jeunes fêtards. Certains disent avoir ressenti comme un pincement. D’autres, rien du tout. Mais ils se retrouvent soudainement pris de nausées, maux de tête, vertiges, allant parfois jusqu’à la crise d’épilepsie, voire la perte de connaissance. Et puis, après les malaises, la découverte d’une trace, comme une « petite piqûre de moustique« .
Plusieurs départements sont concernés et le phénomène se propage d’une ville à l’autre, générant une immense vague d’inquiétude, relayée sur les réseaux sociaux et via les comptes Instagram « Balance ton bar », où des anonymes peuvent poster leurs témoignages.
À Béziers, Raphaël Balland, procureur de la république, parle de « tout un tas de symptômes », pas toujours identiques. « Certaines victimes décrivent une fatigue, une faiblesse, d’autres parlent d’un véritable malaise », décrit le procureur. Dans sa ville, l’écrasante majorité des victimes recensées disent avoir été agressées dans la nuit du 17 au 18 avril, à l’issue de laquelle quatorze plaintes ont été déposées par sept filles et sept garçons.
Le GHB, d’emblée suspecté, est pour l’instant écarté. Cette molécule, surnommée « la drogue du violeur » en raison de ses effets d’endormissement, n’a été retrouvée dans aucun prélèvement. Mais le GHB est très volatil, et localisable uniquement pendant « quatre à six heures » dans le sang et les urines. Les laboratoires spécialisés, agréés par la justice, pratiquent des analyses plus poussées, mais ils ne sont accessibles qu’après avoir porté plainte, ce qui retarde encore les prélèvements et les chances de retrouver certaines substances.
Parmi les autres produits qui pourraient être inoculés, l’addictologue cite toute la famille « des benzodiazépines », soit des « sédatifs et des anxiolytiques » tels que le Valium ou le Lexomil, « des médicaments amnésiants et sédatifs qui existent sous forme liquide, incolore et indolore ». Les enquêteurs soupçonnent également des injections par des stylos d’adrénaline, utilisés pour soulager les allergies aux piqûres d’insectes. Mais cette substance étant naturellement sécrétée par le corps humain, elle est indétectable dans les analyses.
Les autorités invitent donc à rester très prudentes en cas de retours négatifs des prélèvements. « L’absence de traces détectées ne peut être interprétée comme une absence d’injection, elle peut être due à un prélèvement trop tardif », insiste la police.